Sunnco GC inaugure la première installation photovoltaïque à Saint-Mathieu-de-Tréviers

Ironie du sort, c'est sous des trombes d'eau que s'est déroulée dimanche 26 avril à Saint-Mathieu-de-Tréviers, à 20 km de Montpellier, la troisième édition des « Rosés de printemps » de la coopérative agricole les Coteaux du Pic. Pas forcément un souci pour déguster les rosés de l'année, mais dommage pour l'inauguration des quelque 1.300 m2 de panneaux photovoltaïques entrés en activité en mars dernier sur les toits de deux bâtiments à Saint-Mathieu et dans le village voisin de Valflaunès. Ces deux communes, tapies en pleine garrigue au pied du pic Saint-Loup (658 mètres) et du causse de l'Hortus (512 mètres), appartiennent au terroir du Pic-Saint-Loup, l'AOC la plus septentrionale du Languedoc.

redorer le blason

Le choix du solaire, une option déjà étudiée à titre individuel par certains adhérents de la coopérative et par des banquiers de l'agence locale du Crédit Agricolegricole, s'inscrit dans une volonté de redorer le blason d'une viticulture accusée de tous les maux environnementaux. « Certaines accusations sont injustifiées, mais c'est aussi à nous de faire connaître nos engagements », témoigne ainsi Pierre Scohy, qui dirige la coopérative depuis environ un an et entend être « transparent avec les consommateurs de Pic-Saint-Loup, l'un des crus les plus réputés du Languedoc ».

Les Coteaux du Pic, qui vendent 50.000 hectolitres par an pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, ont facilement obtenu un prêt de 800.000 ? pour financer les travaux. Pendant trois mois, des équipes de 2 à 5 personnes, couvreurs et électriciens, ont été mobilisées pour ôter les tuiles romaines, couvrir les parefeuilles de béton, puis y poser les bacs d'acier assurant l'étanchéité. Les panneaux qui y sont vissés, d'une puissance crête de 163,8 kilowatts pour les deux sites, doivent produire 213 MWh par an, rachetés 120.000 ? par la compagnie d'électricité locale, à un tarif garanti vingt ans de 55 centimes d'euros le kilowattheure, dont 25 centimes de prime d'intégration au bâti. Les critères d'éligibilité font actuellement débat, le gouvernement, craignant l'apparition de bâtiments dans le seul but de les couvrir de panneaux pour obtenir un tarif supérieur à celui d'une centrale au sol, souhaitant lutter contre « l'effet d'aubaine ». La coopérative a aussi bénéficié de subventions de la région et de l'Europe via les fonds FEDER, à hauteur de 1 ? par kilowattheure.

devis complet et précis

Sunnco a été choisi parmi sept concurrents, dont BP Solar pourtant implanté à quelques centaines de mètres. Initialement spécialisé dans l'installation solaire intégrée à la toiture pour les résidences des particuliers, le groupe (35 millions d'euros en 2008 et 200 % de hausse prévus pour 2009) a créé il y a dix mois Sunnco GC (grands comptes) pour les sociétés privées, les collectivités ou les agriculteurs. « La confiance dans leur pérennité, essentielle lorsqu'on s'engage pour vingt ans, et leur capacité à nous proposer un devis complet intégrant la réfection de la toiture ancienne ont beaucoup pesé dans notre choix, explique Pierre Scohy. Ce sont eux aussi qui ont le mieux vendu leur projet, avec un calcul précis de l'investissement et du rendement. » Le président de Sunnco GC, Daniel Bour, souligne par ailleurs la qualité de service due à la stratégie d'intégration. S'il ne fabrique pas les panneaux, Sunnco forme et emploie directement ses commerciaux, technico-commerciaux, bureaux d'études, installateurs, électriciens et couvreurs. Un atout pour la filiale grands comptes qui, avec 50 centrales solaires signées dont une dizaine déjà installées, contribue à 40 % du chiffre d'affaires. Et voit, par exemple, dans le désamiantage des toitures d'entrepôts ou l'agrandissement de certains bâtiments agricoles pour répondre aux nouvelles normes européennes, d'importants potentiels de développement.

Les viticulteurs passent au solaire

La Tribune - 30/04/2009 à 01:00